En voie de disparition : les abeilles, certaines espèces de baleines, le corail, l'ours blanc, l'ours brun dans les Pyrénées, le renard sur le territoire de France métropolitaine... Le plus aberrant, c'est qu'on se plaint aujourd'hui de la maladie de Lyme, transmise par les tiques qui prolifèrent grâce à la présence de nombreux petits rongeurs qui étaient autrefois chassés par les renards, bel animal que les chasseurs ont pris soin d'exterminer parce que les renards sont de sérieux concurrents dans la chasse aux petits gibiers. Idem pour les abeilles, décimées par des insecticides qui servent à protéger les cultures des insectes soi-disant nuisibles... Sans abeilles, les cultures risquent de prendre une sacrée claque mais pourtant certains agriculteurs ne veulent pas renoncer à leurs insecticides, pour éviter de voir fondre leurs maigres revenus. Mais à ce rythme, d'ici quelques années, ils n'auront plus de revenu du tout, parce que sans abeilles, ils auront du mal à polliniser leurs champs... Les agriculteurs pourraient demander de meilleurs prix pour leurs produits, pour compenser la perte de production due à l'arrêt de l'utilisation des pesticides mais les centrales d'achats (qui prélèvent au passage une grosse marge) refusent parce que leurs clients risquent d'acheter beaucoup moins si les produits sont plus chers... Et ces clients, ce sont nous qui demandons la fin des insecticides pour améliorer notre santé mais qui refusons, pour beaucoup, de payer plus cher ce que nous achetons ! Mais comment allons-nous nous sortir de ce cycle infernal qui mènera à la disparition d'une grande partie de la vie sur Terre ? Et surtout, que peuvent faire les touristes ?
Beaucoup, pour alerter les populations, reprennent la phrase de St Exupéry : nous empruntons la Terre de nos enfants ! Cela ne me plait pas du tout car cela voudrait dire que l'on parle de la Terre de l'Homme, ou de ses enfants, mais pourtant cette Terre appartient aussi aux animaux et aux plantes. C'est un tout ! Sans plantes, sans animaux pour se nourrir de ces plantes, sans prédateurs pour se nourrir de ces animaux qui pourraient exterminer une espèce végétale s'ils n'étaient pas régulés par des prédateurs, ça ne marche pas, l'écosystème se dérègle. A noter que les chasseurs ne sont pas garants de cette régulation des écosystèmes et de la préservation de la biodiversité, loin de là, contrairement à ce qu'ils proclament ! Si un renard ne trouve plus de proie, lui ou ses petits meurent de faim et ainsi, le système s'auto-régule. Alors que si des chasseurs ne trouvent plus assez de faisans, par exemple, ils les élèvent pour les relâcher ensuite dans la nature et ainsi mieux les massacrer, par plaisir... Ce n'est pas à proprement parler de l'autorégulation ! Autre exemple : vous n'êtes pas chasseurs, vous ne cherchez à pas réguler les populations de vététistes ou de randonneurs, mais vous voulez devenir végan pour protéger les écosystèmes ? C'est purement une aberration qui va tout dérégler : certains agriculteurs (qui sont souvent chasseurs) s'en contrebalancent des abeilles car des drones pollinisateurs s'occuperont peut-être de leurs cultures mais pas de la flore sauvage... Au moins, tant qu'il y aura des consommateurs de miel (qui ne sont donc pas végans), il y aura des apiculteurs et des abeilles mais aussi une flore sauvage, donc d'autres insectes (qui au passage, n'iront pas forcément chercher leur nourriture dans les cultures), des petits rongeurs qui mangent des insectes, des renards qui mangent des petits rongeurs, etc... Quel que soit le mode de vie (végan, végétarien ou omnivore) des habitants de la planète, il n'y a que l'argent qui compte ! Utilisons donc cela pour améliorer l'état de la planète. Et c'est justement à ce niveau-là que les touristes peuvent intervenir...
Ecaille de pangolin, aileron de requin, corne de rhinocéros, hippocampe séché... Voilà une liste de produits soi-disant médicinaux mais qui touchent des animaux en voie de disparition. En se rendant dans les pays «producteurs» (parfois à l'insu de leur plein gré), les touristes peuvent développer pour les autochtones, des emplois plus rentables que le braconnage de ces espèces en voie de disparition (si, bien évidemment, les touristes ne se mettent pas à acheter des hippocampes séchés dans une boule de verre). Côté pays «consommateurs», le boycott de ces pays par les touristes ne devrait avoir aucun impact car ce n'est pas quelques milliers d'individus qui boycotteront un pays qui changera quoi que ce soit (mais pour l'exemple, boycottons quand-même les Etats-Unis dont leur président est une nuisance environnementale à lui seul ). Mais en créant ou en renforçant une filière économique qui supplantera peut-être le commerce illégal d'espèces animales ou végétales, le tourisme pourrait réellement sauver ces espèces ! C'est vrai que mon idée semble totalement illusoire si on essaie de l'appliquer à la Chine (je ne veux pas discréditer les Chinois mais quand on visite Hong-Kong et qu'on découvre ce qu'il y a dans les bocaux des pharmacies traditionnelles, il est difficile de croire que les pangolins n'ont rien à craindre de la médecine traditionnelle chinoise), mais pourquoi pas ? Par exemple, si le gouvernement chinois faisait tout pour réduire la pollution atmosphérique de ses usines, pour augmenter l'attrait touristique de ce magnifique pays, ça serait déjà ça de gagné !
Par contre, le tourisme peut aussi détruire des écosystèmes entiers, par exemple, par le biais de la construction d'énormes complexes hôteliers. C'est à double tranchant ! C'est pourquoi l'individu lambda qui désire voyager, doit bien faire attention à ce qu'il fait. Voici quelques règles qui me semblent élémentaires et que tout touriste devrait respecter (certaines de ces règles sont inspirées de chartes de tourisme responsable existantes mais dont certaines parties peuvent parfois être facilement enfreintes sans s'en rendre compte et qui, de ce fait, sont inapplicables) :
1- Respecter scrupuleusement les règles (et interdictions) liées à la préservation des écosystèmes et des sites historiques :
Si on vous dit qu'en voiture, il ne faut pas sortir des pistes ou qu'il ne faut pas passer par tel endroit, vous n'y passez pas, même si c'est au milieu de nulle part et que personne ne peut vérifier que vous avez enfreint la règle. N'escaladez pas les monuments historiques si cela est interdit (surtout pour faire un selfie à la con). Bien évidemment, ne gravez ou n'écrivez pas votre putain de blaze de gros con sur le mur d'un monument historique ou sur le tronc d'un arbre (chose que font malheureusement une belle quantité de connards finis au pipi). Et, surtout, ne cassez pas le corail (c'est une colonie de petits animaux vivants, fragiles, ce n'est pas un morceau de rocher) en marchant dessus !
2- Ne pas prélever ou acheter des souvenirs issus d'espèces végétales ou animales protégées (voire même d'espèces végétales ou animales tout court), ou issus de pillages archéologiques :
Ne cassez pas le corail pour vous en ramener un morceau ! Et le beau coquillage (vide) qui vous plait tant : peut-être plaira-t-il encore plus à un Bernard l'Hermite pour en faire sa maison ? La belle fleur en montagne : elle est très bien où elle est, ne la cueillez pas, elle a besoin d'être pollinisée, pour faire ensuite des graines et se reproduire (chose qu'elle ne fera pas dans votre herbier, ou sur votre table de salle à manger avant de finir à la poubelle).
3- Limiter fortement l'utilisation d'objets jetables en plastique :
Dans certains pays, il n'y a pas de recyclage. Votre gobelet ou votre sac en plastique de supermarché, que vous avez pourtant jeté dans une poubelle, risque alors de fini à la mer, dans l'estomac d'une tortue ou d'un oiseau de mer, et un jour, sous forme de microparticules, dans votre assiette et votre estomac ! Pensez donc à ramener chez vous tous les plastiques avec lesquels vous êtes partis en voyage (ils seront recyclés chez vous), comme vos flacons de shampoing ou de gel douche. Puis, le kitschissime stylo en plastique avec l'inscription Argentina en grosses lettres dorées, il reste dans l'étalage du magasin de souvenirs, tout comme la boule à neige en plastique aux Maldives... Ces atrocités en plastique fabriquées en Chine, qui n'ont comme unique objectif de finir oubliés dans un grenier, au mieux, ou d'être jetés à la poubelle, sont certainement bien plus destructrices pour la planète que les heures de vol en avion que vous avez faites pour rejoindre votre destination. N'achetez que des souvenirs artisanaux produits localement qui respectent scrupuleusement les règles précédentes de cette charte : au moins, ça fera de l'argent pour les locaux qui pourront vivre de leur travail, sans avoir besoin de braconner les rhinocéros ou les éléphants (par exemple)..
4- Ramener avec vous vos piles usagées :
Dans certains pays, il n'y a pas de recyclage (bis repetita). Les 4 piles AA usagées, que vous avez pourtant jeté dans une poubelle, risquent très fortement de polluer tout un écosystème ! Ramenez-les avec vous pour qu'elles soient recyclées chez vous !
5- Economiser l'eau douce :
Ne prenez pas 6 douches par jour ! Vous sentez la sueur ? Restez dehors ! Et ce n'est pas bien grave d'avoir la peau salée par l'eau de mer, on n'en meurt pas. Ne rincez pas votre matériel de plongée après chaque plongée. Mettez-le dans un sac pour éviter qu'il ne sèche trop : votre matériel de plongée est conçu pour rester dans l'eau et tant que des cristaux de sel ne se forment pas aux endroits incongrus, il ne risque rien (à la rigueur, vous pouvez rincer votre détendeur pour éviter le développement de bactéries).
6- Privilégier les petites structures hôtelières (voire le logement chez l'habitant) :
Les grosses structures dépendent généralement d'actionnaires qui n'ont qu'une obsession en tête : leurs dividendes, à court terme ! Et pour cela, tous les moyens sont bons : salaires faibles et non-respect des lois environnementales reconnues à l'échelle mondiale (si les gouvernements locaux où sont implantés ces hôtels n'imposent aucune règle, ces «hôteliers» ne sont certes pas hors la loi, mais c'est tout comme).
7- Manger local :
Cela fait vivre les (petits) producteurs locaux, pas les actionnaires des multinationales comme Banone ou Madone (cf les œuvres de Groland, des Nuls et de Frederic Beigbeder). Si vous n'avez pas votre croissant au petit-déjeuner ou votre morceau de baguette avec un bout de calendos au déjeuner, sachez-vous en passer, ou évitez de voyager à l'autre bout du monde ! Veuillez aussi de ne pas consommer d'espèces protégées (pas de viande de baleine, ou de cœur de palmier issue de braconnage, etc...) !
8- Eviter les moyens de locomotion purement touristiques :
N'utilisez pas les véhicules amphibies, les bus à deux étages décapotables, les tuk-tuks (en dehors des pays asiatiques et du Pérou), les quads... Bref, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un promène-couillon motorisé (si vous avez des enfants, je sais que cette règle peut être difficile à respecter mais essayez) ! Pensez que vous êtes en vacances, vous avez le temps de découvrir tranquillement les lieux, à pied ou en vélo. Et si les distances à parcourir sont trop importantes, privilégiez les transports en commun (train, tram, métro) plutôt qu'un véhicule de location, surtout si c'est pour rester coincé des heures dans des bouchons dans une ville saturée.
9- Respecter les mœurs et coutumes locales :
Je suis athée et anticlérical. Ca m'amuserait beaucoup de me balader à poil au milieu de la basilique St Pierre de Rome, pour ennuyer les tenanciers du lieu, mais je ne le fais pas pour ne pas choquer les Italiens, par respect pour eux et leur croyance (chacun peut évidemment croire ce qu'il veut, mais je déteste ceux qui profitent délibérément de ces faiblesses). Cette règle est bien évidemment valable dans les pays juifs, musulmans (trié par ordre alphabétique, je n'ai aucune animosité particulière envers les croyants d'une de ces deux religions) ou de croyance bouddhique, shintoïste, animiste, etc... Concernant les coutumes locales, vous ne pouvez bien évidemment pas les connaître toutes de manière innée mais renseignez-vous avant votre départ car un voyage, ça se prépare ! Au fait, pensez aussi à demander la permission avant de photographier des gens : il est joli le petit village africain que vous visitez, mais vous n'êtes pas dans un zoo, ce ne sont pas des animaux que vous photographiez ! Généralement, les gens acceptent volontiers, surtout si vous leur montrez le résultat ensuite (ce qui est facile aujourd'hui avec les numériques et les smartphones).
10- Ne pas traverser la moitié de la planète pour 5 jours de vacances :
Il paraît que ce n’est pas bien de voyager en avion... Oui, c’est vrai, ce n’est pas bien mais toute activité humaine pollue et prendre l’avion n’arrange en rien notre bilan carbone ! Donc, au lieu de multiplier les week-ends aux 4 coins de l’Europe, partez une bonne fois pour toute, même loin, et restez le plus longtemps possible sur place pour en profiter au maximum (en prenant votre temps, en vous déplaçant sur place à pied ou en vélo).